Je me suis rendue dans le Haut-Karabakh à la mi-octobre, pour couvrir la guerre entre l'Azerbaïdjan et les forces arméniennes. L'histoire et le destin des montagnes du Haut-Karabakh recouvraient pour moi des problématiques passionnantes, peu connues du public français. C'est ce qui m'a motivé à couvrir ce conflit.
Pour ce territoire peuplé à majorité d'Arméniens, mais revendiqué par l'Azerbaïdjan, deux principes du droit international entrent en confrontation : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et l'intégrité territoriale. D'une violence inouïe, ce conflit est marqué par une sorte de "guerre des tranchées". On le saura seulement à la fin de la guerre : des milliers de soldats sont morts en quelques semaines, de chaque côté du front.
Mais la bataille est asymétrique. Malgré leurs tanks russes et leur motivation d'acier, les Arméniens ne font pas le poids face aux drones de Bakou. Maître du ciel, l'Azerbaïdjan a déployé massivement ses machines tueuses au dessus du Haut-Karabakh. Quand j'étais à Stepanakert, Chouchi ou Martuni, les bombardements étaient constants. Surtout la nuit. A Martuni, près de la ligne de front, nous avons été réveillés par les tirs qui s'approchaient de notre abri. Évacués en urgence, nous nous sommes terrés dans les sous-sols d'une base militaire de la ville.
Ce qui m'a le plus marqué durant mes reportages : les civils qui n'avaient pas fui et qui se cachaient depuis plusieurs semaines pour échapper aux bombes azéries. Des gens qui ont reconstitué une vie alternative dans les sous-sols de leurs immeubles, espérant une victoire prochaine, promise par la propagande de guerre arménienne. Le strict minimum et la vie en collectivité, dans des caves sans fenêtres, dans une ambiance de fin du monde...
J'ai travaillé comme rédactrice (pour La Provence, Les Clés du Moyen-Orient, Les News 24, L'Echo), en collaboration avec le photographe Gilles BADER jusqu'à fin octobre. Le 10 novembre, alors que j'étais déjà de retour à Beyrouth, un accord de cessez-le-feu est signé. Les Arméniens perdent les trois-quart du Haut-Karabakh. C'est une victoire militaire éclatante pour l'Azerbaïdjan.
Pour ce territoire peuplé à majorité d'Arméniens, mais revendiqué par l'Azerbaïdjan, deux principes du droit international entrent en confrontation : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et l'intégrité territoriale. D'une violence inouïe, ce conflit est marqué par une sorte de "guerre des tranchées". On le saura seulement à la fin de la guerre : des milliers de soldats sont morts en quelques semaines, de chaque côté du front.
Mais la bataille est asymétrique. Malgré leurs tanks russes et leur motivation d'acier, les Arméniens ne font pas le poids face aux drones de Bakou. Maître du ciel, l'Azerbaïdjan a déployé massivement ses machines tueuses au dessus du Haut-Karabakh. Quand j'étais à Stepanakert, Chouchi ou Martuni, les bombardements étaient constants. Surtout la nuit. A Martuni, près de la ligne de front, nous avons été réveillés par les tirs qui s'approchaient de notre abri. Évacués en urgence, nous nous sommes terrés dans les sous-sols d'une base militaire de la ville.
Ce qui m'a le plus marqué durant mes reportages : les civils qui n'avaient pas fui et qui se cachaient depuis plusieurs semaines pour échapper aux bombes azéries. Des gens qui ont reconstitué une vie alternative dans les sous-sols de leurs immeubles, espérant une victoire prochaine, promise par la propagande de guerre arménienne. Le strict minimum et la vie en collectivité, dans des caves sans fenêtres, dans une ambiance de fin du monde...
J'ai travaillé comme rédactrice (pour La Provence, Les Clés du Moyen-Orient, Les News 24, L'Echo), en collaboration avec le photographe Gilles BADER jusqu'à fin octobre. Le 10 novembre, alors que j'étais déjà de retour à Beyrouth, un accord de cessez-le-feu est signé. Les Arméniens perdent les trois-quart du Haut-Karabakh. C'est une victoire militaire éclatante pour l'Azerbaïdjan.
BOULEVERSés par le fracas de la guerre
When daily life is disrupted by the war
Dans cette série de clichés, je m'interroge sur la manière dont la guerre entre les forces arméniennes et l'Azerbaïdjan a perturbé le quotidien dans le Haut-Karabakh : A Stepanakert, au coin d'une rue, une bombe azérie qui n'a pas encore explosé est planté dans le décors. Dans la capitale du territoire autonome, la poignée de civils qui n'ont pas fuit en Arménie voisine sont terrés dans les sous-sols et doivent construire une vie alternative. Leurs journées sont rythmées par les passages de drones azéris au dessus de leurs têtes. A Chouchi, les cérémonies ont stoppé dans l’Église, visée à plusieurs reprises par des bombardements. Autour du territoire, des tranchées ont été creusées. Les forces arméniennes font face à l'armée azérie dans un combat d'une extrême violence. Partout sur le territoire, le fracas de la guerre est venue remodeler les quotidiens, bouleverser le rapport à l'espace et au temps et changer des vies.
In this series of photos, I question how the war between Armenian forces and Azerbaijan has disrupted daily life in Nagorno-Karabakh : In Stepanakert, at the corner of a street, an Azeri bomb which has not yet exploded is visible in the middle of the city. In the capital of the Autonomous Territory, a few civilians who have not fled to neighboring Armenia created a parallel life in basements. Their days are punctuated by the passage of Azeri drones above their heads and by the numerous bombings. In Shushi, religious services have stopped in the Church, which has been repeatedly targeted by bombings. Around the territory, trenches were dug. The Armenian forces face the Azeri army in a fight of extreme violence. Everywhere in the country, the thundering echo of war has reshaped everyday reality, disrupting the relationship to space and time and changed everybody's lives.
Un soldat arménien à proximité de la ville de Goris (Arménie, à la frontière avec le Haut-Karabakh)
An Armenian soldier near the town of Goris (Armenia, next to the border with Nagorno-Karabakh)
Sur la route de Stepanakert, la "capitale" du Haut-Karabakh.
On the road to Stepanakert, the "capital" of Nagorno-Karabakh.
A Stepanakert, de nombreux magasins ont été touché par des missiles azéris. L'armée azérie comme les forces arméniennes ont été accusées de viser des cibles civils durant la guerre.
In Stepanakert, many shops were hit by Azeri missiles. Both the Azeri army and the Armenian forces have been accused of targeting civilian targets during the war.
Un missile tiré par l'armée azéri est tombé sur Stepanakert (Haut-Karabakh). Seul un cordon de sécurité improvisé entoure la bombe qui n'a pas encore explosé. Les mesures de sécurité sont limitées dans la ville, qui compte pourtant encore quelques habitants civils.
A missile fired by the Azeri army felt on Stepanakert. Only an improvised security cordon surrounds the bomb, which has not yet exploded. Security measures are limited in the city, even if a few civilian residents are still living here.
L’hôpital de Stepanakert a installé des sacs de sable et des scotchs aux vitres pour protéger les patients et l'équipe médicale en cas de bombardement des forces azéries. C'est le seul hôpital à posséder un bunker au sous-sol. Durant la guerre, il ne fonctionnait que dans ce bunker.
The Stepanakert hospital installed sandbags and window tape to protect the patients and the medical team in case of bombings. It is the only hospital to have a basement bunker. During the war, the hospital only worked in this bunker.
Julia vit dans la cave de son immeuble depuis 3 semaines, avec ses voisins. Dans ce bunker improvisé, Une vie alternative s'est recréée, avec des chambres de fortune, l'accès à l'eau et à l'électricité, et même des télévisions. Julia regarde les nouvelles de la guerre.
Julia has been living in her building's cellar for 3 weeks, with her neighbors. In this improvised bunker, an alternative life has been created, with makeshift rooms, access to water and electricity, and even televisions. Julia is watching the war-related news.
A Chouchi (Haut-Karabakh), les civils ont transformé leur sous-sol en refuge improvisé. Cette famille, le père et les quatre fils vivent encore dans cette maison à la mi-octobre. Ils se relaient pour dormir au sous-sol. Des provisions (bocaux, pommes de terre, eau) et du bois sont stockés dans la cave.
In Shushi (Nagorno-Karabakh), civilians turned their basement into an improvised refuge. This family, a father and four sons, are still living in this house in mid-October. They take turns sleeping in the basement. Provisions (jars, potatoes, water) and wood are stored in the cellar.
L’Église de Chouchi (ville hautement stratégique du Haut-Karabakh, récupérée par les Azéris à l'issue de la guerre) a été la cible de plusieurs bombardements azéris. Elle n'organise plus d'office. Pendant la guerre, pour assister aux messes le dimanche, les Arméniens se rendent habituellement dans l'Eglise arménienne de Stepanakert, qui dispose d'un bunker.
The Church of Shushi (a highly strategic city in Nagorno-Karabakh, that the Azeris won back at the end of the war) has been the target of several Azeri bombings. It no longer organizes religious services. During the war, to attend masses on Sundays, Armenians usually went to the Armenian Church of Stepanakert, which has a bunker.
Un combat inégal
an unequal battle
Bakou pensait reprendre le Haut-Karabakh au terme d'une guerre éclaire. Par rapport à l'Arménie, le budget aloué à la défense est bien plus important en Azerbaïdjan, qui s'est enrichi grâce aux énergies fossiles les dernières années. Les premières semaines, malgré des moyens plus limités sur le plan militaire, les Arméniens ont ralenti l'offensive azérie. Au début de la guerre, l'armée azérie ne parvient qu'à reprendre les plaines peu peuplées qui entourent les montagnes du Haut-Karabakh. Mais grâce à sa maîtrise du ciel, Bakou a fini par reconquérir une grande partie du Haut-Karabakh, dont la stratégique (et symbolique) Chouchi.
Baku thought it will win back Nagorno-Karabakh at the end of a lightning war. Compared to Armenia, the defense budget is much more important in Azerbaijan, which has been enriched by fossil fuels in recent years. The first weeks, despite limited military resources, the Armenians managed to slow the Azeri offensive. At the start of the war, the Azeri army only succeeded in recapturing the sparsely populated plains surrounding the mountains of Nagorno-Karabakh. But thanks to its mastery of the sky, Baku ended up winning back a large part of Nagorno-Karabakh, including the strategic (and symbolic) Shushi.
Depuis les hauteurs du Haut-Karabakh, les Arméniens ont une vue sur l'avancée des combats. C'était leur atout pendant cette guerre. Mais maitres du ciel, les Azéris ont su joué sur leur force de frappe aérienne pour récupérer de larges territoires dans le Haut-Karabakh. Le 10 novembre, après un mois et demi de combat, l'Azerbaïdjan signe une victoire militaire majeure.
From the heights of Nagorno-Karabakh, the Armenians can see the progress of the fighting. It was their asset during the war. But masters of the sky, the Azeris have played on their air strike force to recover large territories in Nagorno-Karabakh. On November 10, after a month and a half of fighting, Azerbaijan signed a major military victory.
A Martuni, les soldats arméniens utilisent massivement l'artillerie. Les tranchées ont été creusées le long de la ligne de front. A chaque tir des azéris qui vise leur position, les soldats arméniens se précipitent sous terre, dans des abris creusés par les forces arméniennes.
In Martuni, Armenian soldiers massively use artillery. The trenches were dug along the front line. After each shot of the Azeris which targets their position, the Armenian soldiers rush underground, into shelters dug by the Armenian forces.
Un combattant arménien brandit le drapeau du Haut-Karabakh à Martuni (Haaut-Karabakh), dans un bunker improvisé sous un immeuble.
An Armenian fighter waves the Nagorno-Karabakh flag in Martuni (Nagorno-Karabakh), in a bunker.
Les bombardements ont frappé la ville de Martuni toute la nuit. Les forces arméniennes sont réfugiées dans les sous-sols d'un immeuble, l'électricité a été coupée dans la ville.
The bombings hit the town of Martuni overnight. The Armenian forces are taking refuge in the basements of a building. The electricity has been cut in the city.
Un soldat arménien fixe un tank volé à l'armée azérie, Martuni (Haut-Karabakh)
An Armenian soldier is fixing a tank stolen from the Azeri army, Martuni (Nagorno-Karabakh)
Coucher de soleil sur Erevan (Arménie).
Sunset in Yerevan, Armenia.